Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des journées entières dans les arbres... --- (...) En creusant, jusqu’à la nausée, sa propre origine, en faisant tomber les écrans de sa propre enfance, Marguerite Duras nous remet peut-être ainsi face à nos démons à nous, lecteur, spectateur, qui n’avons pas pour autant – ou pas nécessairement – eu de mère possessive, ni d’enfance blessée, dans une France coloniale à l’atmosphère pesante. Car dans Des journées entières dans les arbres, créé en 1965, l’écrivain renoue clairement avec le fil autobiographique qu’Un barrage contre le Pacifique avait, dès 1950 , commencé à dérouler, et qu’elle ne cessera de reprendre jusqu’à L’Amant de la Chine du Nord (1991). La pièce proprement dite est tirée de la nouvelle du même nom, parue en 1954, qui donnait elle-même son titre à un recueil comprenant trois autres textes (Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers), où l’on retrouvait sans peine nombre d’éléments personnels que l’auteur retravaille dans ses textes suivants (...).
Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des journées entières dans les arbres... --- (...) En creusant, jusqu’à la nausée, sa propre origine, en faisant tomber les écrans de sa propre enfance, Marguerite Duras nous remet peut-être ainsi face à nos démons à nous, lecteur, spectateur, qui n’avons pas pour autant – ou pas nécessairement – eu de mère possessive, ni d’enfance blessée, dans une France coloniale à l’atmosphère pesante. Car dans Des journées entières dans les arbres, créé en 1965, l’écrivain renoue clairement avec le fil autobiographique qu’Un barrage contre le Pacifique avait, dès 1950 , commencé à dérouler, et qu’elle ne cessera de reprendre jusqu’à L’Amant de la Chine du Nord (1991). La pièce proprement dite est tirée de la nouvelle du même nom, parue en 1954, qui donnait elle-même son titre à un recueil comprenant trois autres textes (Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers), où l’on retrouvait sans peine nombre d’éléments personnels que l’auteur retravaille dans ses textes suivants (...).